mercredi 27 mai 2015

Zur Chronik von Grieshuus 1925

Le vieux seigneur de Grieshuss (A. Kraußneck) se meurt près de
ses fils Hinrich (P. Hartmann) et Detlev (R. Forster)
La Chronique de Grieshuus 
Un film d'Arthur von Gerlach avec Lil Dagover, Paul Hartmann, Rudolf Forster, Arthur Kraußneck et Gertrud Arnold

Au XVIIe siècle, le seigneur de Grieshuus (A. Kraußneck) souhaite faire de son fils Hinrich (P. Hartmann) son unique héritier. Mais, ce dernier tombe amoureux de Bärbe (L. Dagover) la fille d'un serf. Son père décide de le déshériter...

Bärbe (Lil Dagover)
Cette magnifique production de la UFA est une oeuvre d'atmosphère pratiquement tournée entièrement en studios. Le producteur Carl Laemmle n'a pas lésiné sur les moyens avec la construction d'un village et d'un château avec étang et landes désolées. Evoquant les gravures de Dürer, la composition des plans est de toute beauté avec des effets de clair-obscur ou des brumes évocatrices. Le scénario de Thea von Harbou est une adaptation d'un nouvelle de Theodor Storm qui nous plonge dans l'univers poétique d'un XVIIe siècle de conte de fées. Les situations ne sont pas nécessairement originales, mais c'est leur mise en image qui fait le pris de ce magnifique film. On retrouve l'opposition entre un père noble et son fils qui à ses yeux le déshonore en épousant une serve. Puis, le conflit se déplace après la mort du père entre les deux fils qui tous deux convoitent la Seigneurie. Au milieu de ce conflit, il y a la belle Bärbe que joue Lil Dagover avec son talent habituel. Elle sera une des victimes expiatoires de la violence entre les frères. Pour un tel film, la musique est essentielle pour porter l'atmosphère lyrique et poétique du propos. J'avais eu la chance de voir ce film en 2012 à la Cinémathèque française avec l'accompagnement génial du pianiste Stephen Horne. Arte nous l'a présenté avec une reconstruction de la partition originale du compositeur Gottfried Huppertz qui a également composé des partitions pour plusieurs grands films de Fritz Lang. Le résultat est un véritable plaisir pour l'oreille après plusieurs partitions modernes affligeantes présentées récemment. Huppertz donne au film exactement le lyrisme et les couleurs chromatiques post-romantiques qui lui conviennent. C'est l'une des plus belles partitions reconstituées que j'ai entendue avec celle d'Eduard Künneke pour Das Weib des Pharao (1922, E. Lubitsch) et celle d'Henri Rabaud pour Le Joueur d'échecs (1927, R. Bernard). Une superbe restauration à tous les points de vue.

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