vendredi 10 mai 2013

Proud Flesh 1925

Fernanda (E. Boardman) et Don Diego (H. Ford)
Un film de King Vidor avec Eleanor Boardman, Pat O'Malley et Harrison Ford

La très snob Fernanda Borel (E. Boardman) quitte l'Espagne pour aller visiter son oncle à San Francisco. Elle y rencontre Pat O'Malley (P. O'Malley) un entrepreneur de plomberie qui tombe amoureux d'elle...

Cette comédie romantique signée King Vidor a été tournée juste avant The Big Parade (La Grande parade, 1925) qui va placer le metteur en scène parmi les plus grands de l'époque. Proud Flesh n'est pas du tout du même gabarit. Néanmoins, malgré un scénario assez simpliste, Vidor montre son immense talent de directeur d'acteurs. Celle qui allait devenir bientôt sa nouvelle épouse, Eleanor Boardman, y joue une jeune femme incroyablement snob, née lors du tremblement de terre de San Francisco de 1906 (comme si cet événement cataclysmique annonçait également l'arrivée sur terre de cette créature insupportable). Elle est courtisée par Don Diego (Harrison Ford), un hidalgo raffiné et pédant. Son arrivée à San Francisco est l'occasion de plusieurs scènes comiques alors que Fernanda découvre 'les horribles montagnes' de la ville! Ce qui rend le film intéressant, ce sont ses rapports avec Pat O'Malley (qui joue sous son propre nom). Lui, le self-made-man à l'américaine n'a rien d'un poseur. Il est tout de go alors que Fernanda n'est que prétention et snobisme.   Cela ne va pas l'empêcher de goûter avec ardeur au baiser qu'il lui plaque sur les lèvres lors d'une soirée dans un gratte-ciel. On ne sait plus si elle a le vertige à cause de la hauteur ou du baiser. Le film étudie aussi intelligemment les différences de classe. Alors qu'O'Malley s'est introduit chez l'oncle de Fernanda habillé en plombier, Don Diego le prend au pied de la lettre et lui propose de prendre le thé tous ensemble, y compris avec les domestiques. Evidemment, les domestiques (chinois et espagnole) n'ont rien à se dire et tout le monde est gêné au possible. Diego vient de lui démontrer que la belle égalité à l'américaine n'est qu'une façade. Vidor a eu aussi la bonne idée d'aller tourner sur place les scènes dans les rues de San Francisco ainsi qu'au bord de la côte pacifique à Carmel. Cela donne lui à une superbe séquence où Fernanda va se promener sur le bord des falaises face à l'océan. La sauvagerie des éléments déchaînés semble refléter ses propres sentiments. Elle est bouleversée par O'Malley sans oser se l'avouer. La fin du film paraît un peu brusquée, mais nous offre une belle scène où le très viril O'Malley est en larmes près de sa mère (comme le sera John Gilbert dans The Big Parade). Un très joli film de Vidor.

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