mercredi 22 juin 2011

Das Schiff der verlorenen Menschen 1929


Le Navire des hommes perdus
Un film de Maurice Tourneur avec Fritz Kortner, Robin Irvine, Vladimir Sokoloff, Gaston Modot et Marlene Dietrich


Le capitaine Fernando Vela (F. Kortner) offre le passage pour le Brésil à bord de la Galathée contre rémunération. Un jeune médecin américain, William Cheyne (R. Irvine) se retrouve à bord par accident et se voir refuser de retourner à terre. En mer, les rapports entre le capitaine et l'équipage dégénèrent. Une nuit, Cheyne et le cuistot (V. Skoloff) repèrent un avion en perdition. Ils sauvent le pilote et découvrent qu'il s'agit d'une femme (M. Dietrich)...

En 1929, Maurice Tourneur a quitté les Etats-Unis où il travaillait sans interruption depuis 1914. En effet, les conditions de travail au sein de la MGM ont brusquement changées. Un réalisateur n'a plus la loi et doit accepter la présence constante d'un producteur-superviseur sur son plateau. Tourneur refuse ce dictat de la direction et quitte brusquement le studio en pleine production de The Mysterious Island. Il part pour l'Allemagne où il va tourner ce film produit par la compagnie Wengeroff. Son fils Jacques est assistant-réalisateur sur le tournage. Il semble que des moyens importants ont été donnés à Tourneur pour la réalisation de ce film. Mais, hélas, à part la scène d'ouverture, splendide, tout le film a été tourné en studio. Pour un film censé se dérouler en mer, c'est un comble! On a construit apparemment une énorme nef de 30m de haut pour le tournage dans un réservoir. La distribution est internationale avec les russes Vladimir Sokoloff et Boris de Fast, les allemands Fritz Kortner et Marlene Dietrich (avant sa métamorphose sternbergienne), l'anglais Robin Irvine (que l'on peut voir dans Downhill d'Alfred Hitchcock) et le français Gaston Modot, un vétéran du cinéma qui a débuté à la Gaumont en tant que cascadeur. Malheureusement, le scénario écrit par Maurice Tourneur lui-même manque de surprises. Ce navire peuplé d'évadés et autres criminels nous offre un récit balisé et attendu. Le capitaine est une brute. Il sera victime d'une mutinerie qui l'enverra par-dessus bord. Puis, les marins se soûlent avec tout ce qui leur tombe sous la main. Pendant ce temps, l'inquiétant Morain (Gaston Modot) prend la place du capitaine. Une femme (une jeune Marlene assez dodue) se retrouve à bord et va exciter la concupiscence de cet équipage hors de contrôle. Elle est défendue par un jeune médecin séduisant. Voilà, c'est à peu près tout avec en plus une fin heureuse sans surprise. Visuellement, Tourneur a les services du hongrois Nicolas Farkas qui travaille en Allemagne depuis de nombreuses années.
Le film débute par une scène particulièrement atmosphérique où Gaston Modot, un évadé, courre dans de hautes herbes sous un ciel plombé. Ces paysages du nord de l'Allemagne aurait pu donner au film un tout autre cachet que la pesanteur des studios. Il y a des images remarquables dans ce film, mais, la montée du suspense et la terreur qu'on devrait resentir est absente. Je pense que le transfer du film a été réalisé à une vitesse trop lente: c'est un handicap supplémentaire pour le déroulement de l'intrigue. Néanmoins, il y a des très bons acteurs tels Valdimir Sokoloff en cuisinier sympathique et Gaston Modot qui prête ses larges épaules au dangereux Morain. Quant à Marlene, elle est habillée en homme à bord de ce bateau (bien qu'elle soit apparemment une riche héritière américaine). Elle n'a pas encore l'aura qu'elle gagnera grâce à la photo de Sternberg. J'ai été contente de découvrir le seul film allemand de Tourneur, même si celui-ci se révèle une relative déception.

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