jeudi 10 mars 2011

The Goose Woman 1925


Déchéance
Un film de Clarence Brown avec Louise Dresser, Jack Pickford et Constance Bennett

Marie de Nardi (L. Dresser) vit dans un taudis en élevant des oies. Elle fût autrefois une cantatrice célèbre et reconnue. Un soir, un crime est commis près de chez elle. Elle décide d'aider la police. Mais, son témoignage fait de son fils Gerald (J. Pickford) le suspect numéro un...

Clarence Brown avait travaillé comme assistant de Maurice Tourneur avant de devenir réalisateur à par entière. Ce film réalisé pour la Universal montre l'influence de son mentor par la précision de la composition picturale des images et le sens du récit. Louise Dresser, dans la rôle principal, n'est plus qu'une épave humaine qui noie son désespoir dans le gin. Elle, qui était une artiste réputée, a sombré après avoir donné naissance à son fils. Sa voix a été détruite. Les rapports entre cette femme et son fils sont faits de rancoeurs et de ressentiments. Face à elle, Jack Pickford donne une vraie épaisseur humaine à ce garçon fragile et sentimental. Il essaie tant bien que mal de sortir sa mère de cette cabane sordide où elle croupit, en vain. Finalement, c'est le désir de notoriété qui va la pousser à sortir de son taudis. Lorsqu'un juge lui fait miroiter la possibilité de faire la une des journaux, elle décide de faire un témoignage. Elle est prête à mentir pour être à nouveau considérer comme un être humain et non plus un objet de dérision. La construction du film -qui annonce le film noir par certains aspects- est remarquable. Brown nous apprend toutes sortes de détails grâce aux images en évitant les cartons. Par exemple, Louise Dresser touche la surface de la carte de visite du juge et remarque que les caractères sont en relief - le signe, pour elle, de son importance - contrairement au policier qui n'a qu'un bristol ordinaire. Le récit se fait à coup de flash-backs qui vont nous révéler peu à peu les circonstances du crime. Un homme a été tué avec un révolver devant son portail. Mais, au début, nous ne savons rien de lui, ni du motif du crime. Mais, ce crime n'a finalement que peu d'importance car il n'est là qu'un catalyseur de la transformation de Marie de Nardi. Il va lui permettre de retrouver visage humain et de l'affection pour son fils. Brown a donné à son film une belle authenticité avec pour décor une vieille cabane qu'il avait réussi à trouver et fait déplacer en studios. Le film offre aussi une vision des coulisses d'un théâtre lorsque Jack Pickford va retrouver sa petite amie actrice (jouée par Constance Bennett). Nous assistons amusés aux performances du bruiteur alors que les acteurs s'agitent en scène. Puis, la scène de l'interrogatoire au poste de police est superbement rythmée par des inserts: robinet qui coule, pièces de monnaie qui s'entrechoquent et agent se limant les ongles. Le malaise de Jack Pickford va grandissant avec tous ces bruits parasites. Le film contient un humour bienvenu dans cette histoire très noire qui pourrait tourner au mélo. On voit, par exemple, le policier incommodé par la puanteur de la cabane, ouvrir la fenêtre pour avoir un peu d'air frais. Mais, c'est l'odeur du lisier des porcs qui vient lui frapper les narines. De plus, la cinématographie est superbe avec toutes les ombres et lumières requises. Le film vient de faire l'objet d'une restauration par la UCLA Film and TV Archive. Espérons qu'il sera édité en DVD rapidement.

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